Le terme mise en scène vient du théâtre et du cinéma.  C’est l’ensemble des outils utilisés pour développer un scénario : décors, lumière, musique, cadre…En photo, la mise en scène s’oppose à la prise de vue « sur le vif », « naturelle », ainsi qu’à la photo documentaire. C’est l’action du/de la photographe pour construire une histoire, un propos, une idée avec l’aide de la prise de vue en studio, de la pose, des accessoires et déguisements

Hippolyte Bayard (1801-1887)

Pionnier de la photographie, inventeur accompli, Bayard avait mis au point un procédé photographique qui permettait d’obtenir une image sur un papier et non sur une encombrante plaque de cuivre comme c’était le cas à l’époque.  Son invention ne fut pas reconnue et on lui préféra la technique inventée par Daguerre sur la plaque de cuivre plaquée argent (le daguerréotype). Mécontent devant l’absence de reconnaissance de la part de l’état français,  Bayard se mit en scène en un « Autoportrait en noyé » en 1840. C’est une des premières photographies mises en scène au monde. Avec cet autoportrait, Bayard prouve au monde que la photographie n’est pas que le simple enregistrement du réel, mais qu’elle peut construire une fiction, une réalité prope.

Photo : Hippolyte Bayard, autoportrait en noyé, 1840

Au 20ème siècle, de nombreux photographes continuèrent à utiliser les principes de la mise en scène dans leurs travaux. Arthur Tress, photographe américain né en 1940, mit en scène, dans les années 1970, des rêves et cauchemars d’enfants. Avec leurs aides, il reconstitua leurs visions nocturnes enfantines dans des photographies aussi belles qu’inquiétantes.

Photo : Arthur Tress, série Daymares, vers 1969-1970

Cindy Sherman, née en 1954, photographe américaine, se met en scène dans des portraits fictionnels, les « Film Still » (à partir de 1977) dans lesquels elle incarne des rôles féminins clichés tels que présentés dans la société américaine des années 1950,60 : la ménagère, la jolie bibliothécaire, l’actrice, la secrétaire timide…En utilisant perruques, déguisements, maquillage, elle devient méconnaissable d’une image à l’autre, s’inventant une nouvelle identité temporaire à chaque fois.

photo : Cindy Sherman, Untitled Film Still, 1977-1980